Comment adapter son logement pour y rester plus longtemps?

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logement adapté

Etre autonome à domicile, c’est pouvoir réaliser seul des actes de la vie quotidienne dans l’environnement dans lequel on vit. Cela suppose d’avoir un logement adapté !

Aménager le domicile du proche que vous aidez pour en faire un logement adapté est donc un bon moyen de prolonger son autonomie… et la vôtre ! Si ces adaptations permettent en effet de retarder le recours à l’aide de l’entourage ou celle de professionnels, elles facilitent aussi vos interventions. Adapter le logement a aussi un rôle préventif sur les accidents de la vie courante, fréquents chez les personnes âgées. D’ailleurs ceux-ci entraînent souvent des situations de dépendance notamment suite à des chutes.

Pour rappel, nous avons consacré 2 articles à la prévention des chutes ICI et ICI.

Aujourd’hui on vous parle d’adaptation du domicile. Vous allez voir que cela ne nécessite pas toujours de faire des travaux !

I. Qu’entend-on par logement adapté ?

Peut-être que lorsque vous entendez « logement adapté » vous pensez « mobilité réduite ». C’est en partie vrai, mais c’est assez réducteur !

Tout d’abord il ne faut pas confondre logement accessible et logement adapté. La plupart des logements d’habitation récemment construits intègrent les normes d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. 

Rappels sur l’accessibilité :

« Est considéré comme accessible aux personnes handicapées tout bâtiment d’habitation collectif ou tout aménagement lié à un bâtiment permettant à un habitant ou à un visiteur handicapé, avec la plus grande autonomie possible, de circuler, d’accéder aux locaux et équipements, d’utiliser les équipements, de se repérer et de communiquer. Les conditions d’accès des personnes handicapées doivent être les mêmes que celles des autres publics ou, à défaut, présenter une qualité d’usage équivalente » (art R*111-18-1 du code de la construction et de l’habitation, dit CCH).

« Les bâtiments d’habitation neufs et leurs abords doivent être construits et aménagés de façon à être accessibles aux personnes handicapées quel que soit leur handicap » (art. R*111-18 du code de la construction et de l’habitation).

Seules les maisons individuelles construites pour être louées, ou mises à disposition, ou pour être vendues sont soumises aux obligations d’accessibilité. Les maisons individuelles construites ou réhabilitées pour l’usage du propriétaire sont hors champ réglementaire (art. R*111-18-4 du CCH).

Néanmoins, un logement accessible peut ne pas être un logement adapté car il n’est pas en adéquation avec les besoins de votre proche.

En effet on peut distinguer 4 types de déficits qui nécessiteront chacun des adaptations différentes. Pour chaque déficit, nous allons lister les difficultés et vous donner quelques exemples simples d’adaptation.

1. Déficit moteur. 

Difficultés rencontrées : circulations, transferts

Josiane (dont nous vous avons déjà parlé dans notre dernier article ICI) a 84 ans. Elle vit seule en appartement et elle a aménagé son logement pour éviter les chutes : 

=> Elle a retiré les tapis dans son salon. Elle a toutefois gardé celui près de son lit car c’est agréable de poser ses pieds dessus en se levant ; par contre elle a mis en dessous de l’adhésif antidérapant pour qu’il ne glisse pas.

=> Elle a fixé les fils de ses lampes et de sa télévision au mur pour ne pas se prendre les pieds dedans.

=>Elle a fait installer une barre dans sa douche pour se tenir et elle a disposé un tapis antidérapant sur le sol de la douche.

2. Déficit visuel.

Difficultés rencontrées : circulations, repérage dans l’espace, localisation des obstacles

Joseph a une Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Sa fille Isabelle l’a aidé à désencombrer son logement pour faciliter sa circulation. Elle a amélioré l’éclairage dans chaque pièce pour qu’il voie mieux les détails. Elle a collé des bandes de couleur sur les nez de marches de son escalier afin que Joseph puisse les repérer plus facilement. L’amélioration des contrastes permet de mieux repérer les objets : Isabelle a choisi avec Joseph des assiettes colorées pour qu’il les repère bien sur la table. Joseph a adopté un système de rangement pour ses vêtements et ses ustensiles de cuisine (avec des pastilles autocollantes sur ses étagères), ce qui lui permet de les retrouver facilement. 

3. Déficit auditif.

Difficultés rencontrées : communication orale, détection des signaux sonores.

Michel a une presbyacousie prononcée. Il a des aides auditives qui lui permettent de communiquer avec sa famille notamment par téléphone. Par contre, il n’entendait pas toujours le téléphone ou la sonnette de sa maison retentir. Ses enfants ont donc fait installer des avertisseurs lumineux qui préviennent Michel quand quelqu’un sonne chez lui. Pour le téléphone, ils n’ont pas fait d’aménagement du domicile mais se sont servis des fonctions du téléphone : ils ont installé à la fois une option flash (signal lumineux qui s’allume quand le téléphone sonne) et le mode vibreur.

Le saviez-vous ?

Pour les personnes sourdes et malentendantes il existe aussi un numéro d’appel d’urgence : le 114. Ce numéro unique, national et gratuit est accessible par visiophonie, tchat, SMS ou fax, 24h/24, 7j/7 ! Pour en savoir plus, consulter le site du numéro 114 ICI.

4. Déficit cognitif.

Difficultés rencontrées : repérage des espaces et leurs fonctions, communication, sécurisation du logement.

Colette vit avec son époux Jean qui a une maladie d’Alzheimer. Jean a parfois du mal à s’orienter dans la maison et il se trompe de pièces. Colette a peint sur les portes le nom de chaque pièce en lettres bien lisibles. Elle a aussi installé des pictogrammes pour que Jean repère facilement les fonctions de chaque pièce (une douche pour la salle de bain, un WC pour les toilettes, un lit pour la chambre…). Elle a utilisé le même système dans l’armoire de Jean (pantalon, pull, chaussettes…) pour qu’il puisse s’habiller seul. Jean a souvent tendance à ouvrir la porte d’entrée pour sortir mais il ne sait plus se repérer dans la rue. Colette a fait installer un digicode sur la porte d’entrée. Elle a aussi collé un trompe l’œil « étagère » (sticker) sur la porte qui mène au garage : Jean est moins tenté de l’ouvrir.

logement adapté

II. Quels sont vos interlocuteurs ?

Pour trouver des informations sur les adaptations du logement, les aides mobilisables, vous pouvez vous adresser à ces différents services :

– Votre CLIC de secteur

– Le CCAS ou le CIAS du lieu d’habitation de votre proche 

Si vous ne savez pas ce que sont un CLIC ou un CCAS, vous pouvez lire notre article ICI

La maison départementale des solidarités (ou circonscription de solidarité départementale) qui est un service du conseil départemental. A savoir : dans certains départements il existe aussi des maisons départementales de l’autonomie.

– S’il en existe une dans votre département, vous pouvez vous adresser à l’agence départementale d’information sur le logement (ADIL) qui apporte des informations juridiques relatives à l’habitat et en particulier au logement adapté. Pour trouver les coordonnées de l’ADIL la plus proche de chez vous, rendez-vous sur le site de l’ANIL ICI.

SOLIHA (Solidaires pour l’Habitat). Il s’agit d’une fédération nationale dont l’une des missions est de proposer un accompagnement dans l’adaptation du logement sur les aspects administratifs, financiers et techniques. Pour trouver l’association proche de chez vous, rendez-vous sur le site de la fédération ICI.

Votre proche est-il propriétaire ou locataire ?

Si votre proche est propriétaire de son logement, c’est à lui d’initier les démarches d’adaptation. Il peut effectuer seul les démarches ou se faire accompagner.

Si votre proche est locataire de son logement, son interlocuteur est son propriétaire ou son bailleur. Il doit obtenir son accord pour les travaux d’adaptation, même si votre proche réalise les travaux à ses frais. Le bailleur peut accepter de prendre en charge les travaux nécessaires mais ce n’est pas toujours le cas.

Les délais allant de la sollicitation du bailleur jusqu’à la réalisation des travaux d’adaptation ou l’obtention d’un nouveau logement peuvent être longs. On vous l’a déjà dit : il est important d’ANTICIPER. Incitez votre proche à contacter son bailleur dès que vous constatez un début de perte d’autonomie pour éviter d’avoir à tout organiser dans l’urgence. 

Pour en savoir plus sur les démarches et les aides mobilisables (aides de l’ANAH, APA, prêt…), vous pouvez consulter ce guide ministériel ICI.

III. Quelles sont les différentes étapes ?

1. Rechercher des informations

Si vous êtes propriétaire, contactez les organismes cités dans la partie précédente (II. Quels sont vos interlocuteurs). Ils vous renseigneront sur les démarches à suivre, les aides mobilisables mais aussi les entreprises qualifiées pour réaliser les travaux d’adaptation (certaines sont même labellisées) Si vous êtes locataire, vous devez vous rapprocher de votre propriétaire ou bailleur. Rien ne vous empêche de contacter aussi les organismes cités plus haut pour connaître les aides auxquelles vous pouvez prétendre si les travaux sont à votre charge.

2. Le diagnostic

Un ergothérapeute ou un évaluateur se déplace au domicile pour établir un diagnostic : après analyse de la situation, il va proposer des adaptations nécessaires pour répondre aux besoins spécifiques de votre proche.

Focus : que fait un ergothérapeute ?

L’ergothérapeute a pour but de conserver l’autonomie de votre proche en tenant compte de son environnement. Il va proposer des aménagements, des aides techniques et des occupations visant à favoriser l’autonomie pour des actes de la vie quotidienne (marche, équilibre, transferts, hygiène, habillage, prise des repas…). L’ergothérapeute va observer votre proche dans son environnement, étudier ses gestes quotidiens et voir ce qu’il est capable de faire.

Il proposera ensuite des aménagements du domicile et des aides techniques comme une douche avec siège, des barres d’appui, un siège de toilette surélevé, des couverts adaptés pour le repas. Comme nous vous l’avons déjà dit, les aménagements ne nécessitent pas toujours des travaux ou l’achat de matériel, il peut s’agir de conseils simples comme le désencombrement de l’espace, le retrait des tapis, l’amélioration de l’éclairage Pour mieux connaître les habitudes de votre proche, il peut être utile que l’ergothérapeute échange avec vous. Renseignez-vous auprès du CLIC pour trouver un ergothérapeute. Le CLIC peut également vous proposer des possibilités pour faire financer ce diagnostic.

3. Les appels d’offre

Si votre proche fait les démarches lui-même, il faut qu’il sollicite des entreprises pour avoir plusieurs devis. C’est la raison pour laquelle la première étape de recherche d’informations est importante. Toutes les entreprises du bâtiment n’ont pas la même expérience de l’adaptation du domicile : les organismes que nous vous avons présenté peuvent vous conseiller vous et votre proche pour trouver des professionnels qualifiés. Certaines entreprises ont même une labellisation spécifique prouvant leur expertise dans le logement adapté (exemples de labels : Handibat, Les Pros de l’accessibilité)

Certains organismes comme SOLIHA peuvent s’occuper de toutes les démarches pour votre proche.

Alors, convaincus qu’un logement adapté permet de prolonger le maintien à domicile? Faites-nous part de vos expériences dans les commentaires !

A bientôt, et d’ici là, prenez-soin de vous!

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