Bonjour, je suis le Dr Anne Malouli, fondatrice d’Haltemis et rédactrice de tous les articles que vous pouvez lire sur ce blog. A l’approche du 15 juin, j’ai eu envie de vous parler d’un sujet que j’ai déjà abordé très souvent en formation auprès de professionnels du soin ou de travailleurs sociaux mais que je n’ai jamais abordé sur le blog.
Le saviez-vous ?
Le 15 juin, c’est la Journée Mondiale de sensibilisation contre la maltraitance des personnes âgées.
Vous vous dites peut-être :
« Encore une autre journée mondiale ! »
Oui, mais le sujet a son importance !
D’après l’OMS, environ 1 personne âgée sur 10 dans le monde connaît une forme de maltraitance.
Ce n’est donc pas anecdotique !
La maltraitance a des répercussions graves sur la santé (traumatisme, douleur, stress, anxiété, dépression…). Elle majore le risque d’institutionnalisation, d’hospitalisation et le risque de décès.
D’ailleurs en France, l’État conduit depuis le début des années 2000 une politique de prévention et de lutte contre la maltraitance et de promotion de la bientraitance.
Mais de quoi parle-t-on quand on parle de maltraitrance ?
Depuis 2022, la loi précise qu’il y a
« maltraitance d’une personne en situation de vulnérabilité lorsqu’un geste, une parole, une action ou un défaut d’action, compromet ou porte atteinte à son développement, à ses droits, à ses besoins fondamentaux, et/ou à sa santé et que cette atteinte intervient dans une relation de confiance, de dépendance, de soin ou d’accompagnement.«
Art L119-1 du Code de l’Action sociale et des familles
Néanmoins, il faudrait plutôt parler de maltraitanceS car le terme recouvre une multitude de situations :
- Ses formes sont multiples (maltraitance physique, maltraitance psychologique, maltraitance sexuelle, négligences, discriminations, exposition à un environnement violent).
- Elle peut être le fait d’un individu, d’un groupe et/ou être institutionnelle. Les auteurs peuvent aussi bien être des membres de la famille, des connaissances, des voisins, des professionnels…
- Elle peut survenir dans différents lieux. Depuis les révélations du livre de Victor Castanet, on pourrait être tenté de croire que la maltraitance des personnes âgées survient essentiellement en institution. Pourtant cela concerne aussi les personnes âgées à domicile.
- Il peut s’agir d’un événement unique et/ou d’une situation qui se répète sur la durée.
- Enfin, le niveau de responsabilité des auteurs est également variable. Il peut y avoir une véritable intention de nuire : la maltraitance est alors délibérée. Malheureusement, on peut aussi devenir maltraitant sans intention de l’être, par manque de connaissance / de formation ou par épuisement et ce, que l’on soit professionnel de l’aide ou proche aidant ! Pour éviter cela, restez attentifs à vos propres besoins ! A ce sujet, je vous renvoie à la lecture de mon dernier ebook gratuit ICI.)
La vulnérabilité des personnes âgées favorise la maltraitance.
L’isolement social, la dépendance, les troubles cognitifs sont autant de facteurs de risque de maltraitance.
Comment reconnaître les signes de maltraitance ?
Les troubles qui suivent doivent attirer l’attention chez une personne en situation de vulnérabilité, et faire envisager la possibilité qu’elle soit maltraitée. Cette liste, proposée par l’Association des Petits Frères des pauvres, n’est pas exhaustive :
- L’attitude de la personne âgée est méfiante, semble craintive,
- Manque d’appétit, d’intérêt pour ses activités habituelles, de sommeil
- La personne ne prend plus soin d’elle
- La personne a l’air plus calme que d’habitude, ne montre plus d’intérêt
- La personne a des blessures, des ecchymoses et ne peut pas les expliquer ou ne veut pas en parler
- …
Observez, questionnez et confrontez votre point de vue avec celui d’autres personnes concernées.
Que faire si vous soupçonnez une situation de maltraitance ou si vous en êtes témoin ?
Je dis souvent aux aidants qu’il ne faut pas rester seul(e) sur la situation d’aide. Là encore il est essentiel de ne pas rester seul(e) face à cette situation de maltraitance !
En fonction de l’urgence et de la gravité de la situation, il existe plusieurs solutions pour signaler un fait de maltraitance.
1. Appelez le 3977 ou signalez les faits par écrit sur le site 3977.fr.
C’est la plateforme nationale d’écoute dédiée aux personnes âgées et aux adultes victimes de maltraitance. Elle est gérée par la Fédération du 3977. Un écoutant formé recueillera votre présentation de la situation et vous conseillera sur les démarches à entreprendre (première écoute).
Avec votre accord, il transmettra votre dossier au centre départemental ou interdépartemental d’écoute pour vous assurer une écoute approfondie et un suivi personnalisé. Le centre local effectuera le lien avec les autorités et dispositifs locaux appropriés pour faire cesser la situation de maltraitance subie.
2. En cas d’urgence
(de maltraitance grave ou/et de danger imminent et manifeste), la situation de maltraitance doit être signalée au Procureur et aux services de Police ou Gendarmerie. Appelez le 17.
Point de vigilance :
La maltraitance tient de l’ordre du vécu, du ressenti et de représentations subjectives et individuelles. Il n’est donc pas rare que les personnes victimes, voire les témoins, éprouvent une réticence à en parler par peur des représailles ou pour « protéger » l’auteur. Toutefois, rappelez-vous que le signalement d’un cas de maltraitance contre une personne âgée n’est pas seulement un droit, mais une obligation pour toute personne au courant. La non-dénonciation d’une telle situation peut être punie de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 d’amende !
Pour aller plus loin sur le sujet, je vous conseille la documentation de la plateforme 3977.fr : Témoin ou victime, que puis-je faire ?
On se retrouve bientôt sur le blog, la newsletter ou les réseaux sociaux et d’ici là, prenez soin de vous !