5 minutes pour vous parler des chutes : épisode 1.

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Chutes

Vous craignez que votre proche tombe ou chute à nouveau ? C’est normal ! Les chutes et le risque de chutes sont une source d’inquiétude majeure pour les aidants et c’est vrai qu’il s’agit d’un événement fréquent chez les personnes âgées :

  • Un tiers des sujets plus de 65 ans font au moins 1 chute par an.
  • 10 % des chutes ont des conséquences traumatiques sévères à l’origine de 30 % des hospitalisations des personnes âgées 

Pourtant les chutes chez les sujets âgés ne sont pas une fatalité et il est possible d’agir. Tout d’abord dans ce premier article de notre série sur les chutes, nous allons évoquer l’importance du sujet et les facteurs de risque. Ensuite, dans le prochain article qui traitera du sujet, nous aborderons les moyens de prévenir les chutes.

I Pourquoi est-il important de prévenir les chutes ?

  • La chute est la première cause de décès par accident de la vie courante chez le sujet âgé (environ 12000 décès par an).
  • Les chutes sont à l’origine de traumatismes (fractures, lésions cutanées, hémorragies…) mais surtout d’hospitalisations et de perte d’autonomie.
  • Les chutes sont une cause fréquente d’entrée en institution.
  • Il est possible de repérer les sujets âgés à haut risque de chute.
  • Il est tout à fait possible de réduire le risque de chute et le risque de blessure lié aux chutes.

II. Quelles peuvent être les conséquences des chutes ?

On pourrait être tenté de croire que la conséquence unique ou la plus grave d’une chute est le traumatisme physique. Pourtant, les conséquences d’une chute peuvent être multiples.

Chute

1. Le traumatisme physique   

Le traumatisme physique direct est bien sûr au premier plan. Le plus fréquent est la fracture et en particulier chez les sujets âgés la fracture de l’extrémité supérieure du fémur.

2. Le séjour prolongé au sol   

Même sans traumatisme grave, le fait de rester au sol pendant plusieurs heures – si on n’arrive pas à se relever- peut avoir de graves conséquences. La température corporelle peut descendre, la personne peut se déshydrater. Au niveau des points d’appui au sol, la peau peut s’abimer : c’est ce qu’on appelle des escarres. De la même façon, l’hyper appui sur les muscles endommage ceux-ci. Les muscles libèrent alors de la myoglobine dans la circulation sanguine ce qui peut aboutir à une insuffisance rénale dans les cas extrêmes.

3. Le syndrome post-chute (ou désadaptation psychomotrice)

Comme l’indique son nom, il apparaît à la suite d’une ou plusieurs chutes. La personne qui a chuté a des difficultés à se tenir droit et à maintenir l’équilibre. Ceci est lié à un défaut de posture ; on constate que par appréhension la personne a tendance à adopter la position qu’elle prendrait si elle tenait une planche à voile (tronc en arrière, appui sur les talons).

Image

Elle présente aussi des troubles de la marche. Enfin, l’appréhension de chuter est si forte qu’elle induit une phobie de la station debout, une perte de confiance et un enfermement mimant un syndrome dépressif.

La prise en charge de ce syndrome est une urgence et nécessite donc une intervention pluridisciplinaire (psychologue et kinésithérapeute).

Pour mieux comprendre ce qu’est ce syndrome, nous vous conseillons de visionner cette vidéo ICI. Nous tenons par ailleurs à vous préciser que nous n’avons aucun lien d’affiliation avec la société qui a produit cette vidéo.

4. Le risque de récidive

Le risque de chute est multiplié par 20 chez une personne qui est déjà tombée si on le compare au risque d’une personne qui n’est pas tombée.

A savoir :

En médecine on parle de chutes répétées à partir du moment où la personne a fait au moins 2 chutes sur une période de 12 mois.


Qu’est-ce qu’une chute grave ?

Une chute est considérée comme grave si elle a occasionné :

  • un décès, 
  • une fracture, 
  • une plaie nécessitant des points de suture, 
  • un traumatisme crânien avec perte de connaissance 
  • ou une hospitalisation.

III. Quels sont les facteurs de risque ?

On distingue 2 types de facteurs de risque : les facteurs de risque individuels et environnementaux.

1. Les facteurs de risque individuels

1.1. Les facteurs de risque individuels favorisants (le terrain)

Il s’agit de facteurs de risque sur lesquels on ne peut malheureusement pas toujours intervenir.

On peut citer :

  • L’âge supérieur à 80 ans
  • Le sexe : il est à noter que les femmes chutent deux fois plus souvent à l’intérieur de leur domicile que les hommes.
  • L’existence d’une pathologie neurodégénérative ou neurologique (ex : maladie d’Alzheimer ou maladie apparentée, maladie de Parkinson, dépression…)
  • Une incontinence urinaire (Remarque : le risque est aussi majoré en cas d’impériosité : en effet quand il est difficile de se retenir d’uriner, la précipitation peut être source de chute.)
  • Un trouble locomoteur (qui peut être lié par exemple à une diminution de la masse musculaire, à un trouble de l’équilibre…). A noter : dans certains cas un mauvais équilibre contrairement à d’autres facteurs de risque, peut être travaillé et amélioré.
  • Un diabète avec diminution de la sensibilité nerveuse au niveau de pieds
  • Une diminution de l’acuité visuelle, d’où l’importance de consulter régulièrement l’ophtalmologue pour adapter les corrections.
  • Une prise de médicaments. C’est particulièrement vrai si votre proche en prend plus de 4 et/ou s’il prend des psychotropes, comme par exemple une benzodiazépine pour dormir.
  • Une dénutrition. Là encore il s’agit d’un facteur de risque qui peut être corrigé, encore faut-il savoir y penser pour la dépister.

1.2 Les facteurs de risque individuels comportementaux

L’intérêt de prendre conscience de ces facteurs de risque, c’est qu’ils sont modifiables pour peu que votre proche change ses habitudes. Ce n’est pas toujours évident, mais le changement en vaut la chandelle.

De quels comportements parle-t-on ?

C’est par exemple :

  • La consommation d’alcool
  • La sédentarité
  • Des prises de risque

Ex : « Je continue à monter sur l’escabeau pour faire la poussière au-dessus de mon armoire alors que je suis obligé de me tenir pour enfiler mon pantalon. »

Ou « Je fais ma promenade quotidienne dans mon quartier sans prendre ma canne. »

Ou bien encore « Je fais de l’automédication avec ce qui reste dans mon tiroir d’une ancienne prescription. »

1.3 Les facteurs de risque individuels précipitants

On parle là de toutes les pathologies aigues intercurrentes. Citons entre autres :

  • Une pathologie infectieuse (encore un intérêt de se faire vacciner contre la grippe par exemple)
  • Une hypotension orthostatique (c’est la tension qui chute brutalement lorsqu’on passe de la position assise ou couchée à la position debout)
  • Une déshydratation. Ce facteur est complètement évitable et si vous voulez en savoir plus sur les moyens de la prévenir, nous vous invitons à relire l’article que nous avons consacré au sujet : ICI.

La liste n’est pas exhaustive.

2. Les facteurs de risque environnementaux

Le grand intérêt de les identifier, c’est que ces facteurs de risque sont modifiables ou devrions-nous dire adaptables.

Attention donc :

  • Au chaussage et à l’habillage (Vu en situation : les bretelles sous le pull, ça peut vous obliger à faire de sacrées contorsions !)
  • A l’aide technique utilisée … ou pas (Chaussage, barres d’appui, guidons de transfert, canne ou déambulateur…vous êtes perdu? Alors l‘ergothérapeute est le professionnel qui peut vous conseiller les aides techniques les mieux adaptées)
  • A un habitat inadapté (Enjamber la baignoire à 80 ans c’est une autre paire de manches qu’à 20 !)
  • A une contention (Barrières de lit, contention dans le lit ou au fauteuil…)

Petit rappel sur la contention : 

Le terme « contention » recouvre tous les moyens mis en œuvre pour limiter les capacités de mobilisation de tout ou une partie du corps ou pour limiter la libre circulation des personnes dans un but sécuritaire pour une personne ayant un comportement jugé dangereux ou mal adapté.

 

Mobiqual

Les contentions au lit – y compris les barrières de lit – ou au fauteuil relèvent d’une décision médicale. De ce fait, elles sont soumises à prescription médicale et leur indication doit être régulièrement évaluée.

On se permet ce petit rappel car les barrières de lit par exemple sur de mauvaises indications peuvent être de grandes pourvoyeuses de fractures. En effet, une barrière pour une personne encore mobile peut être enjambée et elle devient alors un obstacle occasionnant une chute. Alors que souvent, elle est mise pour la prévenir! Pensez plutôt à abaisser le niveau du lit : certains lits médicalisés peuvent descendre jusqu’au niveau du sol.


3. Les facteurs de risque de blessure

Toutes les chutes n’entrainent pas forcément de blessures mais certains facteurs de risque à la fois individuels et environnementaux augmentent ce risque de blessure. Citons par exemple :

  • l’ostéoporose et la fragilité osseuse
  • la prise d’anticoagulants ou d’antiagrégants plaquettaires (ex: Aspirine) de par le risque de saignement
  • l’incapacité de se relever seul du sol
  • l’isolement social et familial
  • l’augmentation de la fréquence des chutes qui est souvent le signe d’une fragilité sous-jacente

Ça fait déjà pas mal d’informations pour un seul article ! Pour rappel, dans le prochain nous parlerons prévention.

On vous dit à bientôt et d’ici là, prenez soin de vous!

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