« Winter is coming. » Comment se préparer à affronter la grippe ?

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Grippe

Les températures sont en baisse, le temps est plus gris, les jours raccourcissent et on change d’heure : l’hiver approche ! Et avec lui, de bonnes choses comme les soirées au coin du feu mais aussi le lot habituel de pathologies hivernales et en particulier la grippe. Pathologie courante souvent bénigne, elle peut néanmoins entraîner des complications graves voire un décès chez les personnes âgées ou fragiles.

Quelques jours après le lancement de la campagne de vaccination contre la grippe, voyons ensemble comme lutter contre celle-ci.

I Grippe : qui est l’ennemi ?

1. Il n’y a pas un mais plusieurs virus de la grippe.

On parle souvent du virus de la grippe mais il faudrait plutôt parler des virus de la grippe.

La grippe est une maladie infectieuse causée par un virus influenza de la famille des Orthomyxoviridae. Il existe 3 souches de virus influenza infectant l’homme (A, B et C). Les virus de types A et B sont responsables des épidémies saisonnières, alors que les virus de type C provoquent une maladie généralement bénigne (simple rhume).

Les modifications génétiques constantes des virus grippaux expliquent qu’il faut un nouveau vaccin chaque année. Il est en effet nécessaire d’ajuster la composition du vaccin pour y introduire les souches les plus récentes en circulation. Cette composition est recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé sur la base des données des centres de référence pour la grippe du monde entier.

Le saviez-vous?

Plusieurs équipes de recherche essaient actuellement de créer un vaccin universel qui s’affranchirait des mutations du virus et pourrait n’être injecté que tous les 5 ans.

Les vaccins contre la grippe contiennent des souches représentatives des virus responsables d’épidémies saisonnières : deux souches de type A et une ou deux souches de type B.

2. Comment est-elle transmise ?

Les virus de la grippe pénètrent dans l’organisme par voie respiratoire : par le nez ou par la bouche.

Plusieurs modes de transmission sont possibles :

  1. Par voie aérosol : des gouttelettes projetées dans l’air par une personne infectée qui tousse ou éternue.
  2. Par contact direct avec les sécrétions du nez ou de la gorge d’une personne infectée (en l’embrassant par exemple).
  3. En portant la main à son nez ou à sa bouche après avoir serré la main d’une personne infectée ou touché un objet contaminé.

II. Quels sont ses faits d’armes ?

1. Données épidémiologiques

Chaque année, 2 à 6 millions de personnes sont touchées par la grippe en France.

L’épidémie débute en général courant décembre dans l’hémisphère nord et dure entre 1 et 3 mois.

Pourquoi survient-elle en hiver?

Une combinaison de facteurs est évoquée par les spécialistes :

  1. Le froid incite les gens à se regrouper à l’intérieur des bâtiments : la promiscuité favorise la propagation du virus.
  2. L’air froid fragilise la muqueuse nasale ce qui facilite la pénétration des virus.
  3. Le virus semble résister mieux à l’air froid que chaud.

La grippe est responsable de nombreuses hospitalisations :

  • Pendant la saison 2018-2019 plus de 65 000 passages aux urgences pour syndrome grippal ont été recensés.
  • Plus de 10 700 ont conduit à une hospitalisation*.

*Données Santé publique France (nous n’avons pas remis les chiffres de la saison 2019-2020 qui ont été perturbés par l’apparition de l’épidémie de coronavirus)

Chaque année en France entre 10 000 et 15 000 décès sont attribuables à la grippe.

L’OMS dénombre chaque année de 3 à 5 millions de cas graves de grippe dans le monde entraînant de 250 000 à 500 000 décès.

2. Symptômes

Les symptômes apparaissent brusquement après 1 à 4 jours d’incubation :

  • Fièvre élevée dépassant parfois les 39°C.
  • Douleurs musculaires et articulaires
  • Maux de tête
  • Signes respiratoires (toux sèche, gorge irritée, rhinite)
  • Fatigue générale et sensation de malaise profond
Femme âgée en train de se moucher.

Le traitement vise à soulager les symptômes et repose sur l’hydratation, des médicaments contre la fièvre, les douleurs et la toux. En cas de forme grave ou chez les personnes à risque de complication, le médecin peut prescrire un traitement spécifique à base d’antiviraux.

Si la plupart des malades guérissent spontanément en une semaine avec un traitement symptomatique, la grippe peut se compliquer et conduire à une hospitalisation en réanimation voire à un décès.

3. Complications

Les formes graves touchent plus particulièrement les populations fragiles dont nous allons parler dans le paragraphe suivant.

Parmi les complications les plus fréquentes on peut citer :

  • La pneumonie, liée à une surinfection bactérienne
  • L’exacerbation d’une atteinte pulmonaire comme par exemple la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou la décompensation d’un asthme.
  • Une déshydratation (la fièvre majore en effet la transpiration)

III. Quelles sont nos faiblesses ?

1. Les sujets fragiles

Certaines personnes sont plus à risque de développer une forme compliquée de la grippe :

> Adultes de plus de 65 ans

> Personnes atteintes de certaines pathologies chroniques

> Femmes enceintes

> Personnes obèses avec un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 40 kg/m2*

*Pour calculer l’indice de masse corporelle il faut faire le rapport du poids (en kilogrammes) sur la taille (en mètres) au carré : P/T2

Plusieurs facteurs expliquent la susceptibilité des personnes âgées à développer une forme compliquée de la grippe : présence de plusieurs pathologies chroniques, baisse de l’immunité liée à l’âge voire à une dénutrition associée (nous vous en avions parlé ICI)…

2. La couverture vaccinale

La couverture vaccinale de la population française tend à augmenter (+1,2 point pour la saison 2018-2019 par rapport à la saison 2017-2018). Néanmoins, elle reste encore insuffisante puisque moins d’une personne fragile sur deux s’est fait vacciner l’an dernier.

IV. Comment renforcer nos défenses face à la grippe ?

1. Vacciner les sujets fragiles

Nous avons évoqué ci-dessus les sujets fragiles. Vous trouverez dans les recommandations du site Vaccination-info-service la liste détaillée des pathologies chroniques et des situations à risque nécessitant de se faire vacciner.

A noter :

La grande majorité des cas graves (83 %) en 2018 présentait au moins un facteur de risque de grippe grave : âge supérieur à 65 ans, maladie chronique…

2. Vacciner les aidants et les professionnels en contact avec des sujets fragiles

Toutes les personnes régulièrement en contact avec une personne fragile doivent se faire vacciner pour limiter le risque de lui transmettre la grippe. En tant qu’aidant, si votre proche entre dans la catégorie des sujets fragiles, pensez à vous faire vacciner.

Il est à noter que la vaccination des professionnels de santé (médecins, infirmières, sage-femmes) a tendance à augmenter. Par contre la vaccination des aide-soignant(e)s tend à rester stable (seuls 21% sont vaccinés) : il est nécessaire de continuer à communiquer sur le sujet auprès de ces professionnels qui sont en contact direct et régulier avec des sujets fragiles !

3. Cinq idées reçues sur la vaccination contre la grippe

Justement, en tant que professionnels, nous avions envie de faire le point sur des réflexions qui reviennent souvent chez nos patients.

1. « Je ne me fais pas vacciner contre la grippe parce que j’ai peur que le vaccin me rende malade. »

Les vaccins – comme tout médicament – font l’objet de nombreux contrôles et aucun signal de pharmacovigilance remettant en cause la balance bénéfice/risque des vaccins grippaux n’a été identifié dans le monde.

Trois points méritent d’être rappelés :

1. Aucun des vaccins contre la grippe saisonnière ne contient d’adjuvant.

2. Les réactions allergiques sont rarissimes (1 cas sur 450 000 vaccinés).

3. Les vaccins sont fabriqués à partir de virus inactivés et ils ne peuvent en aucun cas donner la grippe.

Les réactions les plus fréquentes sont bénignes et transitoires :

  • Réaction au site d’injection (douleur, rougeur, léger gonflement)
  • Syndrome pseudo-grippal (maux de tête, douleurs musculaires, fièvre légère) : c’est le signe que le vaccin remplit sa fonction de stimulation du système immunitaire et que l’organisme fabrique des anticorps contre la maladie. D’ailleurs, le vaccin contre la grippe n’est pas le seul vaccin qui induit ce genre de symptomatologie.

2. « La seule année où je me suis fait vacciner contre la grippe, je l’ai attrapée ! »

C’est possible ! Vous avez peut-être eu la grippe car l’efficacité du vaccin était incomplète (Souche différente de celle du vaccin / Contamination moins de 15 jours après la vaccination…).

Pour rappel il faut 15 jours pour que l’immunité soit complète après le vaccin, d’où l’intérêt de ne pas se faire vacciner trop tard dans la saison. A noter également : les personnes qui ont la grippe malgré la vaccination ont moins de risque de présenter des complications.

Il est aussi possible que vous ayez une attrapé une autre infection virale que la grippe donnant des symptômes ressemblant à ceux de la grippe.

Enfin, on le redit (voir ci-dessus) : ça ne peut pas être le vaccin qui vous a « donné » la grippe.

3. « Je ne me vaccine pas contre la grippe car je suis contre les vaccins mais je fais la vaccination homéopathique. »

Sans entrer dans aucune polémique sur l’homéopathie, il est à noter néanmoins qu’aucune étude scientifique à ce jour ne prouve l’efficacité de l’homéopathie pour prévenir la grippe. D’ailleurs le Haut Conseil de la Santé Publique souligne que les médicaments homéopathiques ne peuvent se substituer au vaccin anti-grippal pour les personnes appartenant aux groupes pour lesquels cette vaccination est recommandée.

4. « Je ne me vaccine pas contre la grippe parce que c’est une pathologie bénigne et moi je me sens en forme. »

C’est votre droit, mais rappelez-vous que la vaccination est aussi un acte altruiste. Effectivement, si vous attrapez la grippe vous vous en remettrez probablement sans complication. Cependant, ce ne sera peut-être pas le cas pour le proche que vous aidez. La grippe n’est pas « bénigne » pour tout le monde.

Aujourd’hui, 95 % des Français considèrent comme vraie l’idée selon laquelle la grippe est une maladie qui peut être grave (…) Cependant, cette connaissance demeure une abstraction dès lors qu’on n’a pas été confronté à la grippe, de près (parce qu’on l’a eue) ou de loin (parce qu’on a vu d’autres personnes en souffrir), et tout se passe comme si la grippe demeurait un danger pour les autres plus que pour soi-même. Ainsi, lorsqu’on interroge les Français sur 13 freins possibles qui pourraient les empêcher de se vacciner, celui qui emporte le plus de suffrages, avec 13 % de citations « en premier lieu », est le suivant : « Je me considère en bonne santé, je n’ai pas besoin de me faire vacciner. »

ameli.fr

5. « La vaccination contre la grippe, moi ça ne me concerne pas parce que de toute façon je ne l’ai jamais attrapée. »

Le même argumentaire sur le côté altruiste de la vaccination est encore valable ici.

Toutefois, nous avons noté aussi cette réflexion souvent entendue car le raisonnement nous paraît assez surprenant. La plupart du temps, les personnes qui nous font cette réflexion n’ont aucune réticence vis à vis du vaccin contre le tétanos alors qu’elles n’ont jamais eu le tétanos non plus !!!

L’expérience de la maladie est un facteur qui semble influencer la vaccination contre la grippe. Ainsi, selon une étude récente chez les seniors jeunes, la grippe est perçue différemment selon qu’on en ait souffert récemment ou non. Ceux qui en ont fait l’expérience récemment se font plus facilement vacciner contrairement à ceux qui ne l’ont jamais attrapée ou ceux dont le souvenir de la maladie est ancien (étude qualitative menée pour l’Assurance Maladie par l’institut BVA en mai 2019).

V. Sept mesures à prendre pour traverser l’hiver.

Même si vous et votre proche êtes vaccinés contre la grippe, vous devez continuer à appliquer des « gestes barrière ». Cela permet à la fois de vous protéger et de ne pas transmettre la grippe ou d’autres infections respiratoires hivernales.

1. Couvrez-vous la bouche quand vous toussez ou éternuez.

Cela évite la propagation des virus dans les gouttelettes que vous pouvez projeter en mode aérosol lorsque vous toussez ou lorsque vous éternuez. Pour garder vos mains propres, toussez ou éternuez en couvrant votre bouche avec votre coude ou votre manche.

2. Mouchez-vous dans des mouchoirs à usage unique.

Jetez les ensuite dans une poubelle et non pas sur la voie publique !

1003

3. Evitez de vous toucher le visage

En particulier, évitez de vous toucher le nez et la bouche.

4. Lavez-vous fréquemment les mains

Pensez à vous laver les mains après avoir toussé, etrnué ou après vous être mouché.

Lavez-vous aussi régulièrement les mains après avoir fréquenté des lieux publics (transport en commun, toilettes publiques, guichets…).

A savoir :

Les virus de la grippe peuvent vivre jusqu’à deux jours sur des objets contaminés et jusqu’à 5 minutes sur la peau.

5. Nettoyez votre environnement immédiat

Pensez aux surfaces que l’on touche fréquemment : surface des meubles, comptoirs, poignées de porte, interrupteurs.

6. Aérez votre logement au moins 10 minutes par jour.

N’oubliez pas d’aérer votre logement, même en hiver !

7. Si vous êtes malade, limitez les sorties.

Pour limiter le risque de contagion, restez chez vous si vous êtes malade et limitez les sorties si vous le pouvez.

8. Portez un masque si vous êtes malade.

Si vous êtes malade portez un masque pour limiter le risque de propagation du virus. Pensez-y en particulier si vous êtes en contact avec des personnes fragiles comme le proche que vous aidez.

Vous voilà bien armés pour ne pas laisser passer la grippe !

Prenez soin de vous et et surtout profitez des petits plaisirs de l’hiver comme une tasse de chocolat chaud ou la lecture d’un bon livre sous un plaid !

On vous souhaite une bonne semaine !

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