
Dans notre premier article sur la dénutrition ICI, nous avons parlé de ses causes et de ses conséquences chez le sujet âgé ainsi que des points de vigilance pour vous aidants.
Dans ce deuxième épisode nous allons aborder les mesures à prendre pour éviter cette dénutrition. Contrairement à ce que vous pensez peut-être au premier abord, ces mesures ne sont pas uniquement des mesures alimentaires.
On vous en dit plus :
I. Quelles sont les mesures alimentaires à adopter pour éviter la dénutrition ?
On croit souvent à tort qu’avec l’âge les besoins nutritionnels diminuent : c’est faux!
Les besoins nutritionnels d’une personne âgée sont équivalents voire supérieurs à ceux d’un adulte à activité physique équivalente. Si par exemple votre proche déambule beaucoup, ses besoins nutritionnels sont plus élevés.
1. Adapter et enrichir les apports énergétiques
Manger régulièrement
Veillez à ce que votre proche mange régulièrement en l’incitant à prendre 3 repas par jour plus une collation pour le goûter. Le goûter permet de mieux réguler la glycémie.
Adopter une alimentation plaisir mais équilibrée
Favorisez une alimentation plaisir tout en gardant une alimentation équilibrée. Si vous voulez en savoir plus sur l’alimentation équilibrée et trouver des idées de recettes savoureuses, consultez le site du Programme national nutrition santé : www.mangerbouger.fr
A noter :
Sauf exception – qui doit être régulièrement réévaluée par le médecin traitant – les régimes restrictifs (sans sel, amaigrissants, sans résidu…) sont proscrits chez la personne âgée.
Assurer un apport en protéines suffisant
Si votre proche n’a plus envie de manger de viande – ce qui est assez fréquent avec l’avancée en âge – , veillez à lui apporter d’autres sources de protéines. En voici quelques exemples : poissons, oeufs, produits laitiers, protéines végétales (légumineuses, céréales, certains fruits à coque…).
L’apport en protéines est essentiel au maintien d’une masse musculaire suffisante.
Enrichir les repas
Il existe des techniques simples pour « enrichir » des repas par des produits hautement énergétiques et protidiques sans augmenter les volumes. Pensez à ces ingrédients : (huile, beurre, fromage râpé, poudre de lait, oeufs, crème fraîche, jambon haché…).
Pour vous donner des idées de recettes enrichies, vous pouvez consulter le livret de la Maison de la nutrition de Reims à destination des aidants qui accompagnent un proche âgé.
Choisir une texture adaptée
Si votre proche présente des troubles de la déglutition et qu’il fait des fausses routes (en langage courant on a tendance à dire « il avale de travers »), parlez-en au médecin traitant pour rechercher une cause déclenchante éventuellement curable.
Ensuite, pour évaluer avec précision les troubles de la déglutition de votre proche et obtenir des informations claires sur les mesures alimentaires à adopter pour prévenir ces fausses routes, le professionnel qualifié est l’orthophoniste. Certains aliments seront peut-être déconseillés, il vous faudra adapter la texture des repas : hachée, mixée…
L’association pour la recherche sur la Sclérose Latérale Amyotrophique (ARSLA) a développé une application (pour Android et iOS) de recettes de cuisine savoureuses mais adaptées aux troubles de la déglutition. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’ARSLA.
2. Veiller à une bonne hydratation
Déshydratation et dénutrition vont souvent de pair. Nous n’allons pas redétailler ici les mesures à prendre pour éviter la déshydratation. En effet, vous les retrouverez dans notre article de cet été que nous avons consacré entièrement à ce sujet ICI.
II. Eviter la dénutrition ne passe pas que par l’alimentation !
1. Soins bucco-dentaires
Nous l’avons déjà évoqué la semaine dernière, l’hygiène bucco-dentaire est primordiale :
- Nettoyage au moins 2 fois par jour des dents et des prothèses,
- Visite chez le dentiste annuelle,
- Traitement des pathologies bucco-dentaires (pathologies parodontales, caries, prothèses mal adaptées et qui blessent les gencives…).
Soyez particulièrement vigilant si votre proche a des troubles cognitifs ou s’il n’est plus en mesure de s’exprimer oralement car il ne sera peut-être pas capable de vous expliquer qu’il a mal aux dents. Or les douleurs dentaires entrainent souvent une anorexie car la mastication lors des repas les renforce.
2. Traitement des pathologies pouvant entrainer une dénutrition.
Toute pathologie aiguë intercurrente peut être un facteur de risque de dénutrition et doit être prise en charge : infection, pathologie digestive, dépression…
Veillez à consulter rapidement le médecin si votre proche présente de nouveaux symptômes. N’oubliez pas non plus la prévention : la vaccination anti-grippale est gratuite pour les personnes de plus de 65 ans !
3. Réévaluation des traitements médicaux
Le nombre de médicaments peut devenir un facteur anorexigène, surtout s’ils sont pris en début de repas (modification du goût, remplissage de l’estomac avec l’eau bue pour les avaler). Voyez avec le pharmacien s’il est possible de décaler la prise après le repas.
A noter :
Certains médicaments sont anorexigènes. Si l’appétit de votre proche a diminué depuis l’introduction d’un nouveau médicament, signalez le au médecin de votre proche pour qu’il fasse le point.
4. Facteurs environnementaux au moment des repas
Assurez-vous que votre proche est correctement installé, qu’il a suffisamment de temps pour manger.
S’il présente une perte d’autonomie, veillez à ce qu’il reçoive l’aide humaine et technique dont il a besoin :
- Il faut peut-être lui couper sa viande ou lui éplucher ses fruits.
- Il a peut-être besoin de couverts adaptés (ex : assiette à buttée, set de table anti-dérapant, couverts à manches grossis, verre à poignée…).
5. Encourager le maintien d’une activité physique adaptée
L’activité physique favorise aussi le bien-être et améliore la santé. Elle permet de préserver l’autonomie. Encouragez votre proche à bouger tout en tenant compte de ses capacités restantes. Nous avons consacré un article entier au sujet de l’activité physique adaptée ICI.
Nous n’avons pas traité ici en détails les spécificités de certaines situations comme les troubles de la déglutition ni l’alimentation chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. Ces sujets sont néanmoins abordés dans les programmes d’accompagnement que nous mettons en place.
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A bientôt, et d’ici là : prenez-soin de vous!