5 minutes pour vous parler des chutes : épisode 2

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Prévenir les chutes

Dans notre premier article sur la thématique des chutes nous avons évoqué :

  • l’enjeu de la prévention des chutes
  • les conséquences de celles-ci
  • les facteurs de risque

Dans ce deuxième article, nous allons aborder la prévention

I. Les différentes formes de prévention

Dans le cadre des chutes, deux types de prévention peuvent être mis en place. En effet, il est possible de proposer des actions visant à éviter une première chute mais aussi des actions à la suite d’un premier épisode de chute. Il s’agit alors de prévenir la récidive. Dans les deux formes de prévention, ces actions visent à corriger certains facteurs de risque. On peut parler de prévention primaire et de prévention secondaire.

Certains hôpitaux par exemple, ont mis en place une filière ostéoporose. Il s’agit de prévention secondaire. Après une fracture le patient bénéficie d’un suivi pluridisciplinaire.

  • La diététicienne évalue et corrige les apports en calcium et protéiques.
  • Le kinésithérapeute identifie le risque de chute et donne des conseils personnalisés pour le renforcement musculaire et la prévention des chutes.
  • L’infirmière assure l’éducation thérapeutique.
  • Le rhumatologue coordonne la filière, fait une synthèse médicale, et initie si besoin un traitement en lien avec le médecin généraliste. 

II. Comment prévenir ?

Nous allons suivre le même plan que dans notre premier article et donner des éléments de prévention pour chaque type de facteur de risque.

1. Les facteurs de risque individuels favorisants (le terrain)

Certains de ces facteurs, comme l’âge ne sont bien évidemment pas modifiables. Cependant si votre proche a un suivi médical régulier et une bonne hygiène de vie, il est possible de réduire ces risques :

  • Faites contrôler régulièrement la vue de votre proche : des corrections bien adaptées limitent le risque de chute.
  • On le sait moins mais une bonne audition limite aussi ce risque. Pensez à faire contrôler l’audition de votre proche! Nous consacrerons un article à ce sujet.

A savoir :

Une perte de 25 dB (équivalent d’un passage d’une audition normale à une audition modérément altérée) serait associée à un risque de chute multiplié par 3.

Activité physique et prévention des chutes chez les personnes âgées,
Inserm 2014
  • La dénutrition accentue un phénomène lié au vieillissement et qu’on appelle la sarcopénie. Il s’agit d’une diminution progressive de la masse musculaire. Cette diminution est liée au vieillissement, indépendamment des maladies et des carences d’apport alimentaires. Quand sarcopénie et dénutrition coexistent, il en résulte une diminution de la force musculaire et des troubles de l’équilibre. Vous trouverez des conseils pour prévenir la dénutrition sur le site mangerbouger.fr

Remarque : Il existe un guide spécifique : Le guide nutrition pour les aidants des personnes âgées que vous trouverez dans l’onglet PNNS (pour Programme National Nutrition Santé) rubrique Guides et documents.

  • Nous vous parlions de troubles de l’équilibre juste au dessus, sachez que l’équilibre se travaille et peut être amélioré notamment grâce à la participation de votre proche à des ateliers équilibre ou bien encore à la pratique de la gym douce ou du yoga.
  • Enfin, les erreurs dans la prise des médicaments sont de grandes pourvoyeuses de chute ! Pensez à l’utilisation de piluliers : il en existe de multiples modèles. Si ce n’est pas suffisant pour éviter les erreurs, le passage d’une infirmière pour la distribution des médicaments doit être envisagé avec le médecin traitant.

2. Les facteurs de risque comportementaux

  • De nombreuses études épidémiologiques soulignent le lien entre un faible niveau d’activité physique et une augmentation du risque de chute. S’il n’est pas trop limité dans ses déplacements, marchez régulièrement avec votre proche ou incitez-le à marcher. Si ses déplacements sont limités, il est néanmoins possible d’éviter la sédentarité en pratiquant de l’activité physique adaptée (APA). Celle-ci peut même se pratiquer sur chaise et à domicile ! Renseignez-vous par exemple sur des services comme Domisiel® ou Eté Indien® qui sont tous les 2 des acteurs de l’économie sociale et solidaire qui proposent de l’APA (et Eté Indien® est né en Champagne Ardenne, comme Haltemis!).
  • Pour rester un peu dans la thématique de l’activité physique, assurez-vous que votre proche sait se relever du sol. En effet, comme nous vous l’avons expliqué la semaine dernière, la station prolongée au sol – même sans traumatisme – après une chute peut elle aussi avoir des conséquences graves. Nous vous mettons ICI le lien vers une vidéo réalisée par l’association ISATIS qui donne aussi des conseils aux aidants sur la façon d’accompagner les transferts de leur proche.
  • On ne vous étonnera pas en vous disant que la consommation d’alcool doit être raisonnable pour ne pas tomber. Comme le terme raisonnable pourrait être soumis à interprétations personnelles et diverses, on vous remet ICI les recommandations et ci-dessous un petit visuel de rappel issu du guide de Santé publique France téléchargeable LÀ.
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  • Enfin, attention aux prises de risque : si votre proche n’est plus capable de tenir en équilibre sur une jambe pendant 10 secondes, il ne vaut mieux pas qu’il monte sur une chaise ou un escabeau pour faire la poussière !

3. Les facteurs de risque individuels précipitants

Certaines situations cliniques aiguës peuvent faire décompenser l’état de santé de votre proche. Voici quelques moyens d’en éviter certaines :

  • Infections Si votre proche a plus de 65 ans, la vaccination contre la grippe est recommandée.
  • Hypotension orthostatique Il s’agit d’une chute de la tension artérielle lors du passage de la position assise ou couchée à la position debout. Pour éviter l’hypotension orthostatique – en particulier si votre proche prend des médicaments pour l’hypertension – conseillez-lui de se lever du lit en 2 temps, en s’asseyant au bord du lit quelques instants avant de se mettre debout.
  • Déshydratation Retrouvez tous les conseils pour éviter la déshydratation dans cet article de notre blog.

4. Les facteurs de risque environnementaux

  • Soyez vigilants sur le chaussage : les chaussures et chaussons ouverts (ex: mules, savates) sont à proscrire. Préférez des chaussures avec des semelles antidérapantes. De la même façon, attention à l’habillage : prévoyez une chaise pour celui-ci, évitez les vêtements qui nécessitent des contorsions pour être attachés, les vêtements trop longs sur lesquels votre proche risque de marcher…
  • Faites-vous conseiller pour le choix de l’aide technique à la marche (canne simple, béquille, canne tripode, déambulateur avec ou sans roues…) : demandez avis à un ergothérapeute, un kinésithérapeute ou à un professionnel du matériel médicalisé.
  • Adaptez le domicile : barres d’appui, toilettes réhaussées, éviction des tapis, éclairage, téléalarme… Là encore vous pouvez vous faire conseiller par un ergothérapeute. Votre proche peut peut-être bénéficier d’aides pour l’adaptation de son logement. Pour en savoir plus sur les aides, vous pouvez consulter le site pour-les-personnes-agees.gouv

Les chutes sont-elles une bonne indication d’institutionnalisation ?

La réponse est non !

Les chutes en elles-mêmes ou le risque de chutes ne devraient pas être une indication d’institutionnalisation.

Pourquoi?

Parce que figurez-vous qu’on chute aussi en institution et on chute parfois d’autant plus qu’il y a un changement de repères ! Il faut en avoir conscience car certaines familles ont l’illusion qu’en institution, leur proche ne tombera plus ! Ce qui doit faire envisager un hébergement en résidence, ce sont plutôt les facteurs de risque non modifiables :

  • Isolement à domicile sans possibilité d’organiser des passages de tiers de confiance réguliers (famille, voisin, facteur, infirmière, aide à domicile…).
  • Difficulté d’accès aux secours (ex: route difficilement praticable en hiver).
  • Perte d’autonomie nécessitant une aide quotidienne qui ne peut plus être organisée à domicile.
  • Troubles cognitifs nécessitant une surveillance constante.

Si vous avez des questions, des commentaires, des suggestions de compléments à apporter ou tout simplement si vous voulez partager votre expérience, sentez-vous libres de nous écrire juste en dessous !

On vous dit à bientôt et d’ici là, prenez soin de vous!

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4 commentaires

  1. Dana le 29 septembre 2019 à 22 h 30 min

    Merci beaucoup pour cet article très complet ! Je viens de le partager à toute ma famille, car c’est d’actualité chez nous (ma grand mère a 98 ans !)

    • Anne Malouli-Dohr le 30 septembre 2019 à 5 h 47 min

      Merci. Nous nous réjouissons qu’il ait pu vous être utile!

  2. Antoine le 6 novembre 2019 à 17 h 40 min

    Merci Anne pour ce partage! Ta conférence débat chez Harmonie Mutuelle a été fortement appréciée par les collaborateurs. Intervention posée avec tact, claire et utile sur un sujet pourtant délicat à traiter notamment en entreprise… où la question des aidants à également de forts impacts!
    A conseiller! C’est un peu ce que je fais là d’ailleurs 🙂

    • Anne Malouli-Dohr le 7 novembre 2019 à 9 h 02 min

      Merci Antoine pour cette recommandation. Au plaisir de réaliser de nouvelles actions à destination des aidants ensemble.

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