Sortir de la crise quand la situation d’aide rend le dialogue difficile dans la famille : la thérapie familiale systémique.

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Lorsque la maladie, le handicap ou la dépendance s’immiscent dans une famille, ils modifient progressivement la relation aidé/aidants. La situation a des conséquences psychologiques à la fois sur le proche aidé, son conjoint et le reste de la famille. Toutefois, il peut parfois être difficile pour chacun de traduire en mots son ressenti. Par conséquent, cela impacte la communication. Cela aboutit parfois à une situation de crise ; le risque de rupture de la prise en charge du proche aidé est alors élevé.

Notre expérience :

Il y a autant d’histoires que de familles mais nous rencontrons fréquemment des familles qui se déchirent parce qu’il y a un désaccord sur les modalités de prise en charge du proche. C’est par exemple le conjoint qui refuse les aides à domicile que les enfants voudraient mettre en place. C’est encore la question qui parfois divise : maintien à domicile ou institutionnalisation ?  

D’autres fois la situation de crise survient quand il n’y a pas eu de discussion préalable sur la répartition des tâches entre chaque aidant. L’aidant principal a alors la sensation (fondée ou non, mais le ressenti est le même) que la situation est déséquilibrée, qu’il en fait plus que les autres et qu’il y a une injustice. C’est pourquoi dans un précédent article ICI nous vous avions parlé de la nécessité d’anticiper.

Parfois encore l’incompréhension naît de la différence de point de vue entre l’aidant qui vit la situation au quotidien (souvent le conjoint) et ceux qui la vivent de plus loin (souvent les enfants).

Les questions d’ordre financier sont aussi grandes pourvoyeuses de mésentente familiale.

Ces difficultés relationnelles influencent directement la prise en charge du proche aidé. Elles génèrent souvent aussi chez lui un stress lié à la prise de conscience des conflits engendrés par son handicap, sa perte d’autonomie ou sa maladie. Et ne pensez pas que des personnes qui ont des troubles cognitifs ne comprennent plus tout cela : elles sont au contraire bien souvent très sensibles aux émotions positives ou négatives de leur entourage !

Aujourd’hui nous voulons vous parler d’une technique spécifique de psychothérapie assez peu connue mais qui peut aider à rétablir la communication entre aidants familiaux : la thérapie familiale systémique.

I. Qu’est-ce que la thérapie familiale systémique ?

1. Principes de la thérapie familiale systémique

La thérapie familiale systémique est une psychothérapie qui peut être proposée à un proche aidé et à sa famille. Contrairement à la psychothérapie individuelle, elle ne sera pas centrée uniquement sur le proche aidé mais sur le groupe familial dans son ensemble. Néanmoins, l’objectif est bien de soutenir le proche aidé mais en s’appuyant sur les ressources de la famille.

Comme son nom l’indique, la thérapie familiale systémique (TFS) considère la famille comme un système à part entière. Ce système a un mode de fonctionnement qui lui est propre et qui est plus que la somme des comportements des individus qui le composent. En effet, les relations qu’entretiennent les différents membres de la famille et leur façon de communiquer entre eux retentissent sur le mode de fonctionnement de l’ensemble de la famille.

Le thérapeute en TFS va essayer de comprendre les relations et les interactions au sein de la famille ainsi que les troubles de communication. Le but est de pouvoir favoriser les échanges entre les membres de la famille. Ceci doit alors aider la famille à sortir d’une situation de crise, à évoluer vers un fonctionnement plus souple et à trouver un nouvel équilibre.

2. Déroulement des séances

La thérapie familiale systémique ne s’effectue jamais avec les seuls aidants. Tous les acteurs concernés doivent être présents, y compris le proche aidé. Il faut donc que tous les membres de la famille acceptent ce principe et s’engagent à participer à toutes les séances. Chacun doit bien comprendre que tout ceci est avant tout dans l’intérêt du proche aidé.

Les séances durent de 45 minutes à 1h, tous les 15-21 jours. Le nombre de séances n’est pas toujours fixé à l’avance. L’hôpital Broca par exemple, qui pratique l’approche systémique pour les familles de patients atteints de maladie d’Alzheimer, notamment au moment de l’annonce du diagnostic, propose d’emblée 5 séances à la famille. Ensuite, l’indication à poursuivre au-delà de ces 5 premières séances est réévaluée au cas par cas.

3. Qui sont les thérapeutes en thérapie familiale systémique?

Les thérapeutes familiaux sont des professionnels qui se forment à la pratique de la thérapie familiale systémique après leurs études de base. Il peut s’agir de médecins psychiatres, d’infirmiers, de psychologues ou encore de travailleurs sociaux. Pour trouver un thérapeute vous pouvez vous renseigner :

  • Auprès de votre médecin traitant qui aura peut-être un correspondant à vous indiquer
  • Dans votre centre hospitalier le plus proche : certains établissements proposent des consultations de thérapie familiale systématique.  Vous pouvez aussi vous renseigner auprès du centre médico-psychologique (CMP) de votre secteur d’habitation (pour trouver celui-ci, adressez-vous à votre médecin traitant ou au CLIC de votre secteur).
  • En consultant le site de la SFTF (Société française de thérapie familiale) pour trouver un praticien libéral formé.
  • En regardant les sites internet des psychologues libéraux de votre secteur. La plupart des psychologues y décrivent leurs formations et leurs spécificités.
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II. Quelles sont les indications de la thérapie familiale systémique ?

Le médecin traitant ou un autre médecin spécialiste du proche aidé proposent souvent la thérapie familiale systémique lors d’une situation de crise.

Dans leur article de 2009 sur la thérapie familiale systémique dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, I.Cantegreil-Kahlen et le Pr A.S.Rigaud de l’hôpital Broca, distinguent 3 moments propices à une TFS. Il nous semble que ces moments clés sont transposables à d’autres pathologies.

1. Au moment de l’annonce diagnostique

L’annonce d’un diagnostic grave est toujours un bouleversement pour le malade et pour ses proches. Les réactions peuvent être diverses et dépendent en grande partie des représentations que se fait chacun sur la maladie. Souvent, des mécanismes de défense se mettent en place au sein de la famille : déni de la maladie ou de sa gravité, réorganisation familiale pour s’occuper exclusivement du proche malade ou au contraire prise de distance avec celui-ci.

Il est fréquent que les membres d’une même famille soient en désaccord sur l’attitude à adopter. Ceci empêche la mise en place d’un plan de soin adapté. Rétablir le dialogue et dénouer les conflits est alors nécessaire pour que le malade puisse bénéficier des aides adaptées et que s’établisse un partenariat entre la famille et l’équipe soignante.

2. Lors d’une hospitalisation en urgence

D’emblée vous pensez peut-être qu’une hospitalisation en urgence fait suite à un problème médical aigu du proche aidé, comme par exemple une chute. Pourtant, de nombreuses hospitalisations en urgence proviennent d’une rupture de prise en charge à domicile. En effet quand l’aidant principal s’épuise et/ou tombe malade, cela remet en question tout l’équilibre du maintien à domicile.

Admettre que l’on n’est plus capable d’assumer le maintien à domicile ou qu’il faut renforcer les aides est souvent très culpabilisant pour les aidants. Cela créé aussi souvent des tensions entre les partisans d’une institutionnalisation et ceux qui s’y opposent. Là encore, rétablir le dialogue pour trouver la meilleure solution pour le proche aidé s’avère nécessaire.

3. Au moment de l’entrée en institution

Pour beaucoup de familles, il s’agit d’un choix difficile. Le choix entre projet de prise en charge et respect des volontés du proche malade est un dilemme. Souvent les enfants sont favorables à cette solution pour préserver le conjoint aidant alors que celui-ci s’y oppose. L’accompagnement systémique est là encore utile pour que la parole de chacun puisse être entendue. Ainsi la famille pourra surmonter cette crise et trouver un nouvel équilibre.

III. Quels sont les objectifs recherchés par la thérapie familiale systémique?

1. Instaurer le débat sur la prise en charge du proche aidé

Dans leur article, I.Cantegreil-Kahlen et le Pr A.S.Rigaud décrivent un processus en 4 étapes :

  • Etape 1 : Identifier les ressources et les capacités d’adaptation du système familial. Il est important de montrer à la famille qu’elle a les ressources nécessaires pour faire face à la situation que le problème se situe plus au niveau de la communication.
  • Etape 2 : Faire découvrir aux membres de la famille l’inefficacité de leur mode de communication. Le thérapeute aide la famille à repérer les injonctions paradoxales qui aboutissent à des impasses.
  • Etape 3 : Dissiper les sentiments d’injustice sous-jacents aux conflits. La maladie ou la perte d’autonomie sont souvent l’occasion de règlements de comptes affectifs. Ceux-ci renvoient à l’histoire ancienne de la famille. L’attitude du proche aidé qui manifeste des préférences ou de l’hostilité pour un membre de la famille peut raviver de vieilles rancœurs ou jalousies. Il est important que chacun puisse s’exprimer, se sente entendu par le groupe et puisse reconsidérer sa relation au proche aidé.
  • Etape 4 : Mettre en place des aides et du soutien. Cette dernière étape intervient quand la communication au sein de la famille est devenue possible et que les conflits sont résolus.

2. Redonner sa place de sujet au proche aidé

Dans beaucoup de familles, le proche aidé perd son statut d’interlocuteur valable : il devient seulement objet de soins. Ceci est d’autant plus vrai lorsque ce proche a des troubles cognitifs. Petit à petit, le proche va se sentir exclu de la discussion et il risque de renoncer à communiquer.

L’autre intérêt de la TFS est d’inclure le proche aidé dans le dialogue. Cela lui redonne le statut de sujet parlant. Le groupe familial lui signifie alors qu’il est toujours un sujet digne d’être entendu. Vous pourriez d’ailleurs vous-même être étonné par sa capacité à s’exprimer! Ce changement de regard sur lui augmente son estime de soi ce qui est bon aussi pour son moral.

En conclusion, il y a beaucoup d’avantages à favoriser le dialogue !

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Nous espérons que cet article vous sera utile.

N’hésitez pas à le partager et à le faire lire, si le sujet vous parle.

A bientôt et d’ici là, prenez-soin de vous !

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