Chaque année la iatrogénie est responsable de nombreuses hospitalisations de personnes âgées. Or une partie de ces hospitalisations pourrait être évitable en faisant une bonne utilisation des médicaments.
La semaine dernière nous vous avons expliqué :
- Pourquoi les personnes âgées sont plus concernées par la iatrogénie
- Quelles en sont les manifestations possibles
Si vous souhaitez lire ou relire l’article précédent, c’est ICI.
Cette semaine, nous vous donnons 6 règles de bon usage des médicaments. Elles peuvent être applicables pour votre proche mais aussi pour vous !
1. Veillez aux conditions de conservation des médicaments
Si votre proche ne prépare pas ses médicaments à l’avance, veillez à ce qu’ils les conservent dans un endroit sec et tempéré, dans leur emballage d’origine. Idéalement, l’ordonnance la plus récente doit être conservée au même endroit.
Point de vigilance :
Si le pharmacien remplace l’un des médicaments habituels de votre proche par un générique, veillez à ce qu’il écrive le nom de l’ancien traitement sur la nouvelle boîte, la posologie voire des informations descriptives. En effet, un certain nombre de patients se repèrent essentiellement à la forme du médicament et à la couleur de la boîte. Tout changement peut donc être source d’erreur.
« Madame M., vous voulez bien me rappeler le nom du médicament que vous prenez le soir ?
Mais vous savez bien docteur, le petit médicament rose dans la boîte verte et blanche, là ! »
Vérifiez les dates de conservation et ne jetez pas les médicaments périmés ou usagés à la poubelle : ramenez-les en pharmacie !
2. Attention au respect des posologies et des conditions de prise des médicaments.
Chaque prescription est individuelle et adaptée à la situation particulière du malade.
Trois types d’erreur d’administration peuvent se voir :
- une omission de prise
- une erreur de dose (surdosage ou sous-dosage)
- un non respect des conditions de prise. Certains médicaments en effet nécessitent des conditions d’administration particulières : prise à heure fixe, voie d’admission.
Pour pallier au risque d’erreur il est possible d’utiliser un pilulier. Pour les personnes présentant des troubles cognitifs, il existe même des piluliers électroniques avec alarme rappelant l’heure de prise et n’ouvrant que le compartiment de l’horaire !
Dans certains cas, il peut être nécessaire pour limiter les erreurs de demander à une infirmière de préparer les médicaments et de les administrer.
Point de vigilance :
La forme des médicaments est étudiée pour des conditions normales d’usage : gélules, comprimés pelliculés… Quand on pile les médicaments ou quand on ouvre les gélules pour une personne âgée qui présente des troubles de déglutition, on ne sait pas comment cela influe sur l’absorption et donc sur la dose de médicament reçue.
3. Informez le ou les médecins de tous les médicaments pris pour limiter le risque d’interactions
Si votre proche consulte plusieurs médecins comme par exemple un généraliste et des médecins spécialistes (cardiologue, pneumologue…), il faut signaler tout médicament déjà prescrit pour éviter les interactions médicamenteuses.
A savoir :
- Chaque assuré social majeur peut ouvrir un Dossier Médical Partagé (DMP) qui comprend l’ensemble des informations sur sa santé, ses antécédents, ses maladies et traitements actuels. Il faut activer celui-ci (il s’agit d’une démarche simple que vous pouvez faire en ligne ICI). Avec l’accord du patient, chaque professionnel de santé peut y avoir accès.
- Votre proche peut aussi faire ouvrir par le pharmacien un Dossier Pharmaceutique (plus d’informations ICI). Le pharmacien l’alimente à chaque délivrance de médicaments (y compris sans ordonnance). Il peut ainsi contrôler d’éventuels risques de contre-indication et conseiller votre proche.
4. N’interrompez pas un traitement brutalement et de votre propre chef
Si le médicament est prescrit sur une période courte de quelques jours, l’arrêt du médicament pourrait survenir avant que la pathologie ne soit complètement traitée. Il existe donc un risque de rechute. Dans le cas des antibiotiques, il y a aussi un risque de favoriser le développement de résistance bactérienne.
Certains traitements au long cours ne doivent pas être arrêtés brutalement. En effet il peut exister un risque d’effet rebond (de reprise des symptômes) ou de syndrome de sevrage entrainant un effet de manque.
5. Attention à l’automédication !
Pour tout achat de médicament sans ordonnance (ou complément alimentaire sur internet ou de « produit naturel » utilisé à des fins thérapeutiques), demandez conseil au pharmacien pour vous assurer que cela ne présente pas de risque pour la santé.
Il est déconseillé de reprendre automatiquement, sans avis, un médicament qui a déjà été prescrit. Il se pourrait :
- que l’indication ne soit pas bonne
- ou que la situation médicale ait changé depuis la dernière prise et qu’il existe désormais un risque d’interaction avec un autre médicament…
Enfin, cela paraît évident mais ça va mieux en le disant, pour les même raison que ci-dessus, il ne faut pas prendre les médicaments qui ont été prescrits à quelqu’un d’autre.
6. Signalez tout symptôme inhabituel
Si vous accompagnez votre proche au quotidien, vous êtes un observateur privilégié pour constater des symptômes inhabituels :
- variation du poids,
- chutes,
- malaises,
- essoufflement,
- changement brutal de caractère,
- désorientation,
- fatigue
- …
Signalez ces symptômes au médecin de votre proche.
Sachez aussi qu’en tant que citoyen, vous pouvez signaler les effets indésirables d’un médicaments :
Vous pouvez signaler toutes les réactions nocives et non souhaitées que vous suspectez d’être liées à un produit à usage médical, même si elles sont déjà mentionnées dans la notice.
En signalant les incidents ayant eu un impact ou présentant un risque pour votre santé et résultant de l’utilisation d’un dispositif médical, vous contribuez à leur sécurité et à la prévention des incidents liés à leur emploi.
Ministère des solidarités et de la Santé, Quels événements sanitaires indésirables signaler ? ICI
Le Ministère de la Santé a mis en place un portail en ligne de signalement des effets indésirables sur lequel vous pouvez vous rendre en cliquant ICI.
A la semaine prochaine et d’ici là, prenez-soin de vous !