Entre le sentiment de mal faire ou de ne pas en faire assez, il n’est pas rare pour les aidants de ressentir de la culpabilité.
Vous pensiez être seul(e) à vous sentir coupable ?
Détrompez-vous, c’est un sentiment que ressentent beaucoup d’aidants !
Cette culpabilité prend des formes différentes pour chaque aidant. Nous allons en aborder quelques-unes dans cet article. Elles reflètent ce que nous entendons souvent dans nos accompagnements. Nous vous proposons des pistes de solutions pour chacune de ces formes de culpabilité.
I. Je culpabilise d’être impuissant face à la maladie de mon proche
« Pourquoi lui ? Pourquoi pas moi ? »
C’est parfois en ces termes que les aidants nous parlent de la maladie de leur proche. S’ils avaient la possibilité de faire un vœu, ils échangeraient volontiers leur place avec celle de leur proche.
C’est souvent au moment de l’annonce diagnostique que les aidants ressentent cette culpabilité et aussi un grand sentiment d’injustice. En effet, la maladie vient souvent bouleverser le quotidien mais aussi les projets d’avenir.
Les solutions envisageables
1.Nommez les émotions que vous ressentez
Pour trouver un apaisement, il est utile de pouvoir identifier les émotions qui vous traversent.
Voici un petit tableau récapitulatif et très visuel des émotions. Il est issu du site jarretederaler.com (avec lequel nous n’avons pas de lien d’affiliation)
2. Tenez un carnet de gratitude
Nous vous avons déjà parlé de ce carnet dans notre article « Qu’est-ce que le stress et comment le gérer ? »
Cette méthode vise à contrecarrer la tendance de notre cerveau à percevoir en priorité les aspects négatifs et menaçants des situations.
L’autre intérêt de ce type de carnet c’est qu’il peut faire office de disque dur externe pour se rappeler de moments agréables.
Pensez à un carnet ligné, un agenda ou même un bullet journal !
En pratique :
- Pensez à 3 choses agréables qui se sont passées dans la journée
- Notez dans votre carnet ces 3 choses
- Exprimez votre gratitude et soyez reconnaissant de les avoir vécues
- Ensuite, savourez pleinement ces souvenirs et profitez des émotions que cela vous procure
II. J’ai l’impression de ne pas être un « bon aidant »
Nous rencontrons fréquemment des aidants qui ont des attentes démesurées vis à vis de leur rôle. En effet ils ont une représentation idéalisée de ce que devrait faire un « bon aidant ».
Comme ils n’arrivent pas atteindre cet idéal, ils culpabilisent !
Ils ressentent la culpabilité de ne pas en faire assez, ou bien de ne pas être à la hauteur de la situation…bref de ne pas être de « bons aidants » !
Les solutions envisageables
Tout d’abord, on a une révélation un peu désagréable à vous faire :
« Vous êtes des héros du quotidien mais vous n’avez pas de super pouvoirs ! »
1. Entourez-vous !
On ne vous le répétera jamais assez :
« Il ne faut pas rester seul sur une situation d’aide ! »
2. Fixez-vous des objectifs réalistes
Pour vous fixer des objectifs réalistes, vous pouvez utiliser un petit outil pratique souvent utilisé en management ou en gestion de projet : la méthode SMART.
Pour en savoir un peu plus sur cette méthode vous pouvez lire ou relire cet article où nous vous en avions déjà parlé ICI.
N’oubliez pas aussi d’écouter et de fixer vos limites. Vous ne vous sentez pas capable de nettoyer le dentier de votre proche ? Il faudrait tondre le jardin de votre mère mais en ce moment votre dos vous fait souffrir ?
Ne vous forcez pas ! Déléguez !
III. Je ressens de la culpabilité quand je veux prendre du temps pour moi
Beaucoup des aidants que nous rencontrons ont l’impression d’être égoïstes s’ils expriment le désir de vouloir souffler un peu et de se reposer. Parfois, c’est même l’entourage qui leur fait ressentir cela : « Bah, t’as le temps toi de t’occuper de papa, maintenant que tu es en retraite ! »
Ça vous rappelle quelque chose ?
Mais si vous y réfléchissez bien, qui ne serait pas fatigué après avoir :
- fait le ménage de 2 logements
- géré les courses de sa famille et celles de son proche (qu’il faut bien sûr aller déposer et ranger)
- véhiculé son proche à ses différents rendez-vous médicaux
- géré les démarches administratives de son proche
- …
Sans oublier que parfois les aidants doivent aussi s’occuper de leurs enfants ou de leurs petits-enfants et concilier tout cela avec leur activité professionnelle !
Les solutions envisageables
1. Restez à l’écoute de votre ressenti
Votre corps est comme une voiture hyper sophistiquée remplie de capteurs. Ces capteurs vous envoient tout un tas de signaux … encore faut-il les écouter !
Vous vous sentez fatigué(e) ?
Vous avez des douleurs ?
Votre sommeil est moins bon ?
Tous ces signes peuvent être autant de signaux que vous envoie votre corps pour vous signaler que vous tirez un peu trop sur la corde.
Tenez en compte !
2. Prenez soin de votre santé
Ne négligez pas les examens systématiques (dentiste, ophtalmologiste, gynécologue…), les rappels de vaccination, les dépistages systématiques des cancers (sein, colon…)
Faites-vous suivre régulièrement si vous avez une maladie chronique et consultez rapidement en cas de problème aigu.
Tout cela vous paraît relever du bon sens ?
Pourtant on constate souvent que les aidants reportent ou renoncent aux soins.
Or, on vous le dit souvent, pour prendre soin des autres, il faut déjà prendre soin de soi !
3. Autorisez-vous à prendre du temps pour vous
Ne culpabilisez pas parce que vous voulez vous reposer.
Pour reprendre l’image de la voiture, connaissez-vous une voiture (électrique – soyons écologiques) qui pourrait rouler sans jamais recharger ses batteries ?
Non, bien sûr, alors pourquoi le pourriez-vous ?
IV. Je culpabilise de ne pas savoir comment m’y prendre avec mon proche
Nous rencontrons un certain nombre d’aidants qui culpabilisent parce qu’ils ont la sensation de ne pas faire certains gestes correctement ou de ne pas avoir la bonne attitude (par exemple : pour communiquer avec leur proche qui présente des troubles cognitifs, sans perdre patience).
Les solutions envisageables
Devenir aidant, ça ne s’improvise pas, même si ça vous tombe dessus sans crier garde. Vous allez devoir acquérir des savoirs, des savoir-être et des savoir-faire pour réorganiser votre mode de fonctionnement habituel.
1. Formez-vous sur la pathologie de votre proche
N’hésitez pas à suivre des formations dédiées aux aidants.
L’idée n’est pas de devenir un professionnel de santé mais d’en savoir suffisamment pour accompagner votre proche de la meilleure des façons.
- Demandez des informations aux professionnels de santé (médecins, infirmières, orthophoniste, ergothérapeute, kinésithérapeute…
- Certains programmes d’éducation thérapeutique s’adressent également aux aidants. Renseignez-vous auprès du ou des médecins spécialistes
- Renseignez-vous auprès des associations de patients. Un grand nombre d’entre elles proposent des formations pour les aidants. C’est le cas par exemple de France Alzheimer, de France Parkinson, de l’UNAFAM…
- Haltemis propose aussi régulièrement des programmes d’accompagnement et d’information pour les aidants : inscrivez-vous à la newsletter gratuite pour être tenus informés.
2. Apprenez les bons gestes
Pour éviter de vous faire mal ou de faire mal à votre proche en le manipulant ou faisant certains soins, apprenez à réaliser correctement les gestes.
- Vous pouvez vous faire aider par les professionnels qui s’occupent de votre proche.
- Vous pouvez aussi consulter des vidéos comme celles proposées par La Compagnie des aidants ou par Tutonomie.
V. Je me sens coupable de ne pas réussir à assumer seul
Certains aidants culpabilisent de ne pas réussir à assumer seul le rôle d’aidant et de devoir recourir à des services extérieurs.
Cependant, nous vous l’avons dit plus haut : vous n’êtes pas des surhommes ! Vous devez vous entourer.
Les solutions envisageables
1. Je constitue une équipe
Identifiez les personnes qui peuvent vous venir en aide (famille, amis, voisins, professionnels) et ensuite définissez qui peut s’occuper de quoi.
Nous avions déjà évoqué ceci dans l’article « 5 conseils pour éviter les situations de crise » ICI.
2. Acceptez de changer vos habitudes
L’aide-ménagère ne repasse les chemises exactement comme vous ? Vous vous sentez encore capable de tailler les haies ? Habituellement vous préférez faire vos courses sur place plutôt que de commander en ligne ?
Ne vous focalisez pas sur vos habitudes : l’important c’est que vous arriviez à dégager du temps pour vous.
Dites-vous bien que ces nouvelles mesures ne sont pas forcément définitives. Il sera ainsi bien temps de reprendre vos habitudes quand la situation sera un peu moins compliquée.
3. Soyez conscients de ce que les professionnels apportent à votre proche
Les professionnels n’interviennent pas que pour vous soulager. Ils ont aussi un effet bénéfique pour votre proche.
Ils peuvent proposer de nouvelles activités qui favoriseront le maintien de l’autonomie. Leurs gestes ne sont pas toujours les mêmes que les vôtres.
L’attitude de votre proche avec un professionnel ne sera d’ailleurs pas forcément la même qu’avec vous. Par exemple, il n’est pas rare que les professionnels arrivent à faire faire à votre proche des activités qu’il refuse de faire avec vous.
VI. Je me sens fautif dans mes choix
Être aidant nécessite de savoir faire preuve d’adaptation au fur et à mesure de l’évolution de la situation de votre proche. Cela implique souvent pour les aidants de faire des choix. Les décisions ne sont pas toujours faciles à prendre !
Les solutions envisageables
1. Prenez du recul par rapport aux critiques
Ce n’est pas toujours facile de supporter les reproches de votre proche ou ceux de votre famille. Vous savez, ceux qui vivent la situation de loin et qui vous disent « Moi à ta place… ».
Même si ce n’est pas simple, laissez couler. Soyez convaincus que vous faites du mieux que vous pouvez.
2. Le cas particulier de la « promesse non tenue »
L’une des culpabilités que nous rencontrons le plus souvent est celle de la « promesse non tenue ».
Vous aviez promis à votre proche qu’il ne quitterait jamais son domicile. Or si le maintien à domicile devient trop compliqué, il va falloir envisager un déménagement dans un logement plus adapté voire une entrée en établissement spécialisé.
Plutôt que de promettre ceci à votre proche, dites-lui plutôt que vous allez tout faire pour le maintenir autant que possible à domicile (c’est votre plan A). Mais si le maintien n’est plus possible, il faudra recourir au plan B (un déménagement). Plus vous l’envisagez tôt, plus vous aurez le temps d’anticiper, de vous renseigner, de demander les souhaits de votre proche pour affiner vos recherches, de remplir les dossiers sans urgence…
Retenez toutefois que le maintien à domicile à tout prix n’est pas toujours possible ni souhaitable.
Nous espérons que ces conseils vous seront utiles.
Vous vous reconnaissez dans une de ces situations ou vous en voyez d’autres ? N’hésitez pas à nous laisser un commentaire !
A très vite sur le blog ou dans la newsletter et d’ici là, prenez soin de vous !