Peut-on encore parler de phénomène marginal quand près d’1 adulte français sur 6 est un aidant ? Parmi eux, plus de la moitié sont en activité professionnelle. Cette situation est de plus en plus fréquente et tend à s’accentuer dans les années à venir en raison de l’évolution démographique :
Au cours des cinquante prochaines années, le nombre des plus de 60 ans va être multiplié par 2 et celui des plus de 80 ans par 4.
En 2050, 1 Français sur 3 aura plus de 60 ans.
Heureusement, avancée en âge ne rime pas toujours avec perte d’autonomie…mais parfois, c’est le cas !
Aujourd’hui en France, près de 5 millions de personnes de 16 ans ou plus aident bénévolement, de façon régulière et à domicile, une ou plusieurs personnes de plus de 60 ans de leur entourage présentant une perte d’autonomie pour des raisons de santé ou de handicap.
Le sujet des aidants en activité est à la fois un sujet sociétal et économique.
Vous êtes dans ce cas ? Ce qui suit devrait vous intéresser.
I Portrait des proches aidants en activité
Proche aidant, aidant familial, aidant naturel : beaucoup de dénominations pour une même réalité.
« L’aidant(e) est la « personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne. »
Source : Article 51 de la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement
La première difficulté,
c’est que beaucoup d’aidants ne se reconnaissent pas comme tels.
En 2022, près d’un Français sur 2 déclare avoir entendu ce terme d’aidant*. Néanmoins, même si la notoriété de ce terme augmente chaque année, beaucoup d’aidants se définissent avant tout comme époux(se), enfant, parent, ami.
* baromètre 2022 de la Fondation April/BVA
1. Qui sont les aidants, et notamment ceux en activité ?
En 2018, près d’1 salarié sur 5 était un aidant.
(données issues de l’étude sur les fragilités 2018 Malakoff-Mederic (lecomptoirmm.com)).
Par ailleurs, la DREES* estime qu’en 2030, un actif sur 4 sera un aidant.
*Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques
2. Quel type d’aide apportent-ils ?
* baromètre 2021 de la Fondation April/BVA
Total supérieur à 100 car plusieurs réponses étaient possibles.
II. Quelles sont les répercussions de l’aide chez les aidants ?
Les chiffres donnés ci-dessous sont issus du rapport de l’étude « Agir pour les salariés aidants » réalisée par le comptoir mm en partenariat avec la Fondation Médéric Alzheimer en 2018 :
1. Des conséquences professionnelles
- 64 % des salariés aidants estiment que leur situation impacte leur vie professionnelle
- 45% des aidants déclarent avoir des difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle
- Plus d’1 salarié sur 2 ayant aidé un proche au cours des 3 derniers mois déclare avoir eu des difficultés à se concentrer.
- 39% ont dû partir plus tôt du travail. 29% déclarent être arrivés en retard. 23% estiment avoir pris du retard dans leur travail.
Toutes les entreprises n’ont pas encore entamé une démarche pour repérer et accompagner leurs salariés aidants. Néanmoins, dans les entreprises qui agissent pour leurs salariés aidants, les dirigeants ont constaté les répercussions de la situation d’aide :
- Absentéisme
- Problèmes d’organisation du travail
- Démotivation des salariés aidants
- Perte de productivité
2. Des conséquences sur la santé de l’aidant
Le stress, la fatigue à la fois physique et morale sont au premier plan.
Les aidants présentent également un sur-risque de dépression par rapport à la population générale.
III. Les aspects positifs de l’activité professionnelle
Bien sûr, l’aspect financier est important, mais il n’y pas que ça qui compte pour les aidants !
Malgré les difficultés pour concilier vie professionnelle et vie personnelle, la plupart des aidants estiment que leur travail est une source de répit. Il favorise en effet une sortie de la sphère de l’aide.
Le travail est également un lieu de socialisation qui permet de contrer l’isolement.
Enfin, le travail participe à la réalisation de soi.
IV. Quelles sont les attentes des aidants en activité ?
Les trois attentes citées ci-dessous sont elles aussi tirées de l’étude« Agir pour les salariés aidants » réalisée par le comptoir mm en partenariat avec la Fondation Médéric Alzheimer en 2018 :
- Tout d’abord, les aidants aimeraient être mieux informés sur les aides disponibles (existence de congés spécifiques pour les aidants, connaissance des structures d’aides sur le territoire, aides financières possibles…).
Suggérons-leur de suivre le blog d’Haltemis ! 😉
- Ensuite, les aidants souhaitent avoir des horaires flexibles pour pouvoir aménager leur temps de travail.
- Enfin, les aidants aimeraient avoir accès à des formations pour savoir comment mieux s’occuper de son aidé. C’est la raison pour laquelle Haltemis propose ce type de formations.
IV. Trois raisons d’être optimiste
1. Certaines entreprises ont mis en place une culture d’entreprise bienveillante
Depuis quelques années, les entreprises accordent une importance grandissante à la qualité de vie au travail. Certaines ont déjà commencé à proposer des mesures spécifiques pour leurs salariés aidants :
- Le don de RTT, qui est désormais inscrit dans le code du travail (loi Mathys de 2014), est né d’une initiative des salariés du groupe Badoit. Un salarié avait reçu en cadeau 170 jours de RTT donnés par ses collègues pour lui permettre d’accompagner son enfant atteint d’un cancer, don validé par la direction. Depuis 2018, le dispositif – initialement réservé au parent d’un enfant gravement malade – a été étendu à tous les proches aidants de personnes en perte d’autonomie ou présentant un handicap.
- Plusieurs entreprises ont développé des guides d’informations à destination de leurs salariés aidants, notamment pour les informer sur les aides existantes telles que les congés spécifiques légaux. Certaines ont même développé des sites internet dédiés aux aidants.
- Certaines entreprises font également appel à des plateformes téléphoniques proposant de l’information et du soutien.
- D’autres entreprises ont choisi d’accompagner leurs salariés aidants en proposant des conférences thématiques, des groupes de parole, des ateliers mensuels voire des réunions de sensibilisation des managers.
Le saviez-vous?
Haltemis intervient régulièrement auprès d’entreprises qui souhaitent intégrer l’accompagnement des aidants aux pratiques de l’entreprise
Pour découvrir nos services, c’est ICI.
- D’autres encore autorisent la conversion du 13ème mois en jours de congés rémunérés.
Même si le sujet n’est pas encore un thème de réflexion dans toutes les entreprises, les initiatives inspirantes ne manquent pas!
2. Incidence positive de ces mesures
Les entreprises ont tout intérêt à opter pour une culture bienveillante.
Celles qui proposent des mesures pour les aidants permettent en effet d’ouvrir le dialogue ; trop d’aidants hésitent encore à informer leur hiérarchie de leur situation par peur des conséquences sur leur évolution de carrière. Difficile alors de leur proposer un accompagnement spécifique!
Plusieurs études* ont étudié l’impact des mesures de conciliation vie privée/vie professionnelle à destination des aidants instaurées par les entreprises. Ces études montrent que ces mesures génèrent des effets positifs à la fois pour l’entreprise et pour les salariés aidants qui y recourent :
*dont l’étude de N.Sirven et al pour la MACIF-UNAF, et les études canadiennes des équipes de J.Fast et D.S.Lero.
3. Un enjeu sociétal reconnu
L’enjeu sociétal que représentent les aidants est désormais reconnu. En effet, les aidants constituent un véritable pilier des soins à domicile et permettent de générer des économies pour la société.
Depuis la loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2015 dont nous vous parlions ICI, un droit au répit pour les aidants a été créé. De la même manière, depuis 2017 le congé de proche aidant a remplacé le congé de soutien familial. Il est désormais indemnisé et accessible à tout salarié.
Nous espérons que cet article vous a fourni des informations utiles.
📣 N’hésitez pas à le partager : plus on parle des aidants et plus la connaissance sur le sujet augmente, y compris dans les entreprises.
Nous vous souhaitons une belle semaine. Et n’oubliez pas :
prenez soin de vous !